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da L'HUMANITE - 20 Apr 1998
Le jeu périlleux de Berlusconi
di ARIEL F. DUMONT
Italie: le jeu périlleux de Berlusconi avec l'extrême droite
SILVIO BERLUSCONI a connu son heure de gloire samedi à l'occasion de la
clôture officielle du premier congrès de Forza Italia au cours d'une grande
manifestation organisée au coeur de Milan sur le parvis du Dôme.
Selon l'agence ANSA, 50.000 personnes auraient assisté au spectacle offert gratuitement par M.
Berlusconi. Un chiffre important même si l'ancien président du Conseil traverse
depuis quelque temps une passe difficile.
D'un côté, il doit faire face à la justice - et plus particulièrement à l'équipe des juges 'mains propres' de
Milan. De l'autre, aux querelles intestines d'une coalition de centre-droit fort divisée. Cela porte donc à réfléchir sur le but exact de l'opération orchestrée par Berlusconi.
En premier lieu, la date du congrès - le 18 avril - commémorait le
cinquantième anniversaire de la première victoire électorale de la Démocratie
chrétienne sur la gauche.
Un événement fondamental pour le chef de file du
centre-droit qui semble vouloir aujourd'hui récupérer l'électorat de la vieille
Démocratie chrétienne pour ainsi, peut-être, enlever un peu de lustre à son
principal allié, Gianfranco Fini, président de l'Alliance nationale.
Pour Berlusconi, Fini fait probablement désormais partie du contingent des hommes à
abattre, ce dernier ayant voulu faire preuve d'une intuition politique manquant
au patron de la Fininvest, premier groupe médiatique italien et européen.
Se présentant aux yeux du monde entier comme l'homme ayant réussi à modifier
l'image de son parti auprès d'une bonne partie de l'opinion publique, Fini
espère aujourd'hui convaincre ses adversaires que l'Alliance nationale (AN) a
définitivement tourné la page en abandonnant la philosophie du MSI (Mouvement
social italien).
Une philosophie prônant l'autoritarisme, le racisme, en un mot,
le nationalisme pur sucre cher au coeur de Jean-Marie Le Pen avec lequel
d'ailleurs M. Fini aurait coupé les ponts. Si l'on en croit ses dernières
déclarations...
Le succès remporté par le président d'AN, suite à cette
opération, de 'revernissage' a sûrement inquiété le grand patron de Forza
Italia.
Reste à voir si les nostalgiques de la Démocratie chrétienne accepteront
véritablement de s'enrôler sous les drapeaux de M. Berlusconi.
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